Nous vivons un moment politique singulier. Les mobilisations rurales, menées en premier lieu par les paysan·nes s’affirmant comme un sujet politique de premier plan, prennent une ampleur indéniable.

Alors, n’y-a-t’il d’autre alternative que de "devenir paysan·nes ou tractopelliste" pour reprendre l’image marquante de la sociologue Geneviève Pruvost ?
Faut-il "laisser béton" la ville ou "reprendre la ville" et si oui, à quelles conditions et du point de vue de quels types d’expériences situées ?

C’est dans la perspective d’un dépassement de l’opposition entre luttes urbaines et luttes rurales que nous réfléchirons à ces questions avec Lavante, notre invité militant dans le milieu squat en IDF, ancré dans les luttes écologistes et transpédégouines.

I. Introduction, présentation de Lavande : "Laisser béton" la ville ou "reprendre la ville" ?

Dans ce premier moment, on essaie de comprendre la singularité des luttes urbaines et des luttes rurales, à partir du parcours militant de Lavande, qui s’est politisé dans le mouvement Youth for Climate, à mesure qu’il s’est (re)définit comme "pédé". On essaie de comprendre les limites (matérielle et symbolique) et les difficultés qu’il y a à articuler les luttes urbaines et luttes rurales. Pourtant, l’appel des "Soulèvements de la ville" lancé il y a quatre ans en Suisse par le mouvement "Reprenons la ville" tâche d’articuler explicitement la question de l’autonomie alimentaire, avec la lutte contre l’urbanisation capitaliste, le droit à la ville et au logement, à partir de situations précises, en fédérant un réseau militant inter-régions, et en cultivant une diversité de tactiques de luttes urbaines, sans stratégie unifiante et surplombante.

Alors, d’où vient cette opposition entre luttes rurales et luttes urbaines ?

Dans un second moment, on essaiera de comprendre d’abord sur le plan idéologique, comment l’appel à "déserter la ville", semble reconduire un imaginaire hétéronormatif et bourgeois. Sur le plan historique, l’histoire du capitalisme est l’histoire d’une séparation entre la ville et la campagne, dans la mesure où la force de travail est arrachée à la terre pour être envoyée dans les manufactures puis dans les grandes industries en ville.

Plus spécifiquement, comment ces explications s’incarnent-t-elles dans les mobilisations de Youth for Climate France, du point de vue de l’expérience qu’en a faite Lavande ?

Dans un dernier moment, on montrera qu’il s’agit de lutter dans et contre la métropole, depuis un habiter féministe, décolonial, populaire et queer. Le cas de l’occupation de Sainte Marthe (Paris).

Notre attention se porte enfin sur le cas de l’occupation de Sainte Marthe qui a duré près de six, en 2020. Etonnant, nan, de lancer un camp climat en pleine ville, plutôt que près d’une mine de lignite ?! Peut-on dire que l’occupation de Sainte-Marthe, a représenté une "queer zone" permettant d’expérimenter d’autres pratiques des lieux et d’autres modes de relations entretenues au quotidien par une diversité d’êtres en milieu urbain ?

Nous terminons l’émission sur la lecture de l’appel des rencontres des Digitales un week-end participatif et autogéré qui aura lieu du 3 au 5 février 2023 à la Baudrière, squat anarcha-féministe TransPDGouine à Montreuil et qui est menacé d’expulsion à partir de la fin de trêve hivernale. Les mouvements d’occupation urbaine, le squat, les ZAD, les camps climats, les ghetto transpédégouines clament d’une seule voix : "Nous envisageons nos habitats comme écologiquement radicaux" pour résister à "l’enfumage et la réappropriation des questions environnementales par les forces dominantes et réactionnaires".